martes, 31 de enero de 2017

sábado, 28 de enero de 2017

MIS AMIGOS




Mes amis, je vous écris pour vous dire que je ne vous aime plus, que vous ne m’aimez pas, ou que –si vous m’avez aimé-, je ne vous ai jamais aimés.


« Certains hommes forts ne sont pas seuls dans la solitude, mais moi, qui suis faible, je suis seul quand je n’ai point d’amis »


L’écriture d’Emmanuel Bove est dépouillée mais lancinante. Elle sent la fatigue et nous fait craindre l’abandon d’une lutte désespérée que l’écrivain a menée pour se lier à ses semblables –ne serait-ce qu’avec un seul d’entre eux. Tout est misérable dans ces pages, à commencer par le narrateur. Des descriptions déplorables de sa condition sociale –sans ami, sans famille, sans profession, sans argent- à son apparence physique –pouilleuse, négligée, morbide-, le plaisir sadique de l’autodestruction transperce entre des lignes plaintives. Par impossibilité pécuniaire et par négligence, le narrateur pense qu’il lui est impossible de remédier à cette identité misérable, et sans doute ne veut-il pas s’en débarrasser car il s’y est attaché et parce qu’elle constitue un passe-droit pour atteindre ceux qui lui semblent les plus intéressants –parce qu’ils lui ressemblent ?- les misérables, les malheureux, ceux qui n’ont plus d’espoir mais qui continuent tout de même à traîner leur tristesse sans oser l’abréger trop tôt.


« A peine sorti des draps, je m’assois sur le bord du lit. Mes jambes pendent à partir du genou. Les pores de mes cuisses sont noirs. Les ongles de mes doigts de pied, longs et coupants : un étranger les trouverait laids »


Le comportement du narrateur vis-à-vis des inconnus qu’il essaie d’attirer à lui est malsain. Derrière ses revendications d’amour et d’attention, on se rend compte très rapidement qu’une volonté de provoquer les conventions sociales domine. La quête amicale répond à un véritable besoin de compassion mais s’apparente également à une expérience sociologique dont les résultats ne surprennent jamais le narrateur : la pitié des uns pour les autres est nulle, personne ne se préoccupe d’autrui, sinon pour son intéressement personnel et, partant de cette conclusion, le but du jeu social est de faire miroiter en soi ce que les autres sont en possibilité d’attendre. Mais que peut-on attendre d’un pauvre gueux ? En pleurant au désespoir, en revendiquant l’amitié pure et gratuite, le narrateur brandit un orgueil démesuré ; son apparente faiblesse devient signe de supériorité morale et lui donne la permission de se montrer brutal dans sa revendication d’amitié.


« Pour un peu d’affection, je partagerais ce que je possède : l’argent de ma pension, mon lit. Je serais si délicat avec la personne qui me témoignerait de l’amitié. Jamais je ne la contrarierais. Tous ses désirs seraient les miens. Comme un chien, je la suivrais partout. Elle n’aurait qu’à dire ma plaisanterie, je rirais ; on l’attristerait, je pleurerais.
Ma bonté est infinie. Pourtant, les gens que j’ai connus n’ont pas su l’apprécier. »



Nous rencontrerons quelques-unes de ces personnes dans les différentes nouvelles qui constituent Mes amis. Chacune d’entre elles retrace le parcours du narrateur dans son choix d’une nouvelle proie amicale, dans les techniques de capture mises en œuvre, dans les désillusions réciproques –quoiqu’elles soient presque nulles du côté de « l’ami » qui n’a rien demandé- puis dans la séparation finale, qui se conclut avec une indifférence opposée à la quantité d’espoir investie par le narrateur lors de la rencontre. On se demande sans cesse ce que cherche vraiment celui-ci. Veut-il fuir l’ennui (« Je déjeune à une heure : l’après-midi me semble moins longue ») ? la solitude ? Cherche-t-il réellement l’affection d’autrui ? ou se contenterait-il seulement d’un peu de reconnaissance ?


« Mon imagination me crée des amis parfaits pour l’avenir, mais, en attendant, je me contente de n’importe qui »


Cet étrange roman de la prostitution amicale mettra peut-être en position dérangeante. Emmanuel Bove décrit tous les mécanismes –parfois inconscients- déployés par l’individu pour s’intégrer en société. Peut-être parce que son personnage en est trop conscient et qu’il en use sans aucune parcimonie, ses tentatives répétées de se lier à autrui échouent. Mes amis ne devrait pas être le titre d’un roman consacré à la solitude et pourtant, ne sommes-nous pas aussi contradictoires lorsque nous utilisons abusivement de ce qualificatif pour des personnes qui ont cessé d’être nos amies mais vis-à-vis desquelles nous continuons de feindre l’attachement par habitude ou par sécurité ? Le narrateur ne s’arrête pas à de pareilles craintes et se détache d’autrui sans douleur autre que celle qu’il éprouve pour lui-même et pour la solitude monadique que nous ressentons tous, dans une proportion inverse au nombre d’amis que nous croyons sincèrement pouvoir revendiquer.


« Je m’assois sur une chaise –une chaise de jardin qui se plie- et je pense à l’avenir.
Je veux croire qu’un jour je serai heureux, qu’un jour quelqu’un m’aimera.
Mais il y a déjà si longtemps que je compte sur l’avenir ! »



Sur ces réflexions vagues et incertaines, Emmanuel Bove signe la fin de nouvelles troublantes qui oscillent entre cruauté et abandon. Mieux vaut être seul que mal accompagné… même si tout le monde préfère malgré tout être accompagné.

viernes, 27 de enero de 2017

MES AMIS


DE LA AMISTAD EXTREMA




parce que c'était lui; parce que c'était moi

jueves, 26 de enero de 2017

LA AMISTAD




Además, que el dinero haya alcanzado un lugar tan señalado en las relaciones interpersonales también ha derivado en formas de amistad en las que el intercambio entre dos personas no se practica con arreglo a la moral o a la buena policía, sino con arreglo al préstamo y, en el mejor de los casos, a la devolución de una deuda pecunaria, vulgar. Así afirmaba uno de los refranes que cité al principio: “amigo beneficiado, enemigo declarado”. (Por extensión, la amistad parece hoy tan vulnerable como cualquier otra relación interpersonal, al principio de Hobbes según el cual “homo homini lupus“: “el hombre es un lobo para el hombre”). Como ven, estamos muy lejos del acto por el cual, desinteresada y heroicamente, Aquiles le dio su arnés a Patroclo en la guerra de Troya: no le prestó las armas por un precio, ni para sacar ningún provecho personal; sino que, armado Patroclo con unas armas de semejante prestigio, Aquiles quería ver a su amigo victorioso, es decir, héroe, a las puertas de la fortaleza troyana.
Esto, amigos y amigas, no descarta la posibilidad de que dos personas puedan tenerse en nuestros días una amistad parecida a la de cualquiera de las nobles amistades que he revisado en esta conferencia, como la que se dio entre héroes de La Ilíada, la de Don Quijote y Sancho, o la de Samuel Pickwick y su criado; ni mucho menos. Ésta es la grandeza por así decir antropológica y anacrónica de la amistad, como se puede comprobar estudiando la relación epistolar de muchos de nuestros contemporáneos, o casi: por ejemplo, la que mantuvieron Goethe y Schiller, Samuel Johnson y James Boswell, Max Brod y Franz Kafka, Walter Benjamin y Gershon Scholem, o Hanna Arendt y Mary McCarthy. Así como la melodía, en términos musicales, o la pasión de narrar, han sido una constante a lo largo de toda la historia de la humanidad, así los hombres y las mujeres continúan, en nuestros días, reuniéndose, de dos en dos por lo general, para enlazarse en lo que podríamos describir como una noble, bella y virtuosa amistad. De lo que no estoy tan seguro, como ya he dicho, es que de esta práctica contemporánea de la amistad salgan reforzadas la ciudad, la nación o el Estado. Me parece que la amistad, hoy, ya no es algo que afecte a la res pública y que, en cualquier caso, se está convirtiendo en una defensa, cuando no en una muralla, contra las agresiones de la publicidad y de la vida en común. Aquiles y Patroclo enaltecieron la amistad que se tenían luchando juntos contra la fortaleza de Troya. Me aventuro a decir que hoy buscarían refugio en cualquier fortaleza para poner su intimidad a salvo de la vulgaridad y el comercio.
Jordi Llovet
La amistad
Conferencia pronunciada en el CCCB el 3 de marzo de 200

sábado, 21 de enero de 2017

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